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September 27, 2009

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Polanski: explications aux USA et pétition du 7e art

27.09.2009 22:56
Un spectateur du festival du film de Zurich soutient, comme le monde du 7e art, le cinéaste arrêté. [Keystone]
L'arrestation de Roman Polanski samedi soir, suite à une procédure ouverte aux USA en 1977, n'en finit plus de susciter colère et indignation. Alors que la justice américaine explique avoir planifié l'arrestation la semaine dernière, Berne se justifie. Le 7e art exige la libération du cinéaste dans une pétition.

Roman Polanski serait détenu dans cette prison de Kloten. Roman Polanski serait détenu dans cette prison de Kloten. [Keystone] «Il n'y a pas de raisons de ne pas exécuter un mandat d'arrêt international valable», a déclaré le porte-parole de l'Office fédéral de la justice (OFJ), Guido Balmer. Le réalisateur a été arrêté samedi soir à son arrivée à l'aéroport de Zurich et placé en détention provisoire en vue d'extradition.

Les autorités américaines lui reprochent des actes d'ordre sexuel avec des enfants, notamment un cas de 1977 avec une mineure de treize ans à Los Angeles. Elles ont émis en 1978 un mandat d'arrêt contre le cinéaste et le recherchent activement partout dans le monde depuis 2005, a précisé l'OFJ dans un communiqué.

Exil depuis 1978

Polanski quittant le tribunal de Santa Monica en 1977 Polanski quittant le tribunal de Santa Monica en 1977 [Keystone] Roman Polanski avait plaidé coupable à Los Angeles et passé 42 jours en prison. Puis, sa peine devenant supérieure à ce qui avait été convenu, il avait choisi l'exil en 1978. La fillette de l'époque, aujourd'hui âgée de 45 ans, s'est dite, quant à elle, favorable à l'abandon des poursuites. Elle avait porté plainte contre Polanski et obtenu un accord à l'amiable. Les avocats de Polanski avaient demandé fin 2008 un réexamen de l'affaire pour tenter d'obtenir l'abandon des poursuites contre lui, dénonçant des vices de procédure. Après le refus d'un juge, ils ont fait appel en juillet dernier.

Roman Polanski sera effectivement extradé vers les Etats-Unis dès que la procédure d'extradition sera rentrée en force, a précisé l'OFJ dans un communiqué. Le cinéaste peut faire appel d'une éventuelle mise en détention en vue d'extradition et d'une décision d'extradition auprès du Tribunal pénal fédéral (TPF), puis du Tribunal fédéral (TF).

Eveline Widmer-Schlumpf au front

Eveline Widmer-Schlumpf et Pascal Couchepin ont défendu la position de Berne. Eveline Widmer-Schlumpf et Pascal Couchepin ont défendu la position de Berne. [Keystone] «La Suisse n'a pas subi de pression des Américains», a déclaré la ministre de la justice Eveline Widmer-Schlumpf (voir l'interview en vidéo ci-contre), niant qu'il s'agisse d'une affaire politique. Et d'insister sur le fait que les règles juridiques et les accords internationaux doivent s'appliquer, et s'appliquer à tous de la même manière.

«Dans un Etat de droit, il n'est pas possible de faire des différences. Il serait incompréhensible qu'une personne sortant du lot bénéficie d'un autre traitement», a ajouté la conseillère fédérale. A ses yeux, la Suisse a agi correctement.

Eveline Widmer-Schlumpf a expliqué que la Suisse avait pu procéder cette fois à l'arrestation de Roman Polanski car Berne a eu connaissance à l'avance de sa venue. Le cinéaste n'avait pas été inquiété lors de son précédent séjour car les autorités avaient eu vent de sa présence trop tard. D'après elle, il est probable que Roman Polanski fasse recours contre la décision le touchant.

Interrogée dimanche soir par la télévision alémanique SF, elle a indiqué que les autorités américaines avaient désormais jusqu'à 60 jours pour déposer une demande définitive d'extradition.

Pas de prescription, selon Couchepin

Interrogé par la Radio suisse romande (RSR), le ministre de la culture Pascal Couchepin a de son côté précisé que les Etats-Unis et la Suisse ne connaissent pas la prescription pour les délits sexuels sur des mineurs. Il n'a pas voulu faire d'autre commentaire, estimant qu'il s'agit d'une affaire judiciaire et pas culturelle.

Le cinéaste de 76 ans aurait dû recevoir dimanche un prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre lors du Festival du film de Zurich. «Choqués par cet incident», les organisateurs ont reporté la remise du prix, mais ont maintenu la soirée d'hommage prévue, en signe de «solidarité» vis-à-vis de celui qu'ils considèrent comme «l'un des cinéastes les plus extraordinaires de notre époque».

Paris et Varsovie interviennent

Bernard Kouchner s'est entretenu lui avec Micheline Calmy-Rey par téléphone. Bernard Kouchner s'est entretenu lui avec Micheline Calmy-Rey par téléphone. [Reuters] Le président Lech Kaczynski et le ministre des affaires étrangères Radoslaw Sikorski ont annoncé leur volonté d'intervenir auprès des autorités américaines pour clore «une fois pour toute ce dossier». Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a de son côté exprimé à la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey le souhait de la France que «cette affaire trouve rapidement une issue favorable», a indiqué le Quai d'Orsay.

Le président Nicolas Sarkozy et le ministre de la culture Frédéric Mitterrand souhaitent eux aussi que le réalisateur soit libéré rapidement. Quarante-sept jours en prison Roman Polanski a été arrêté en 1977 à Los Angeles à la suite de la plainte des parents d'une adolescente de 13 ans. Il avait plaidé coupable de «relations sexuelles illégales» et avait passé 47 jours en prison.

Fin janvier 1978, au lendemain d'une réunion entre ses avocats et un juge lors de laquelle ce dernier avait laissé entendre qu'il allait le renvoyer sous les verrous, Roman Polanski avait pris un avion pour l'Europe et n'a plus remis les pieds depuis sur le sol américain.

Les partis réagissent en ordre dispersé

Les cinq grands partis suisses ont réagi en ordre dispersé à l'arrestation du cinéaste franco-polonais Roman Polanski samedi à Zurich. L'UDC dénonce des pressions américaines, alors que le PDC serait prêt à extrader immédiatement le réalisateur vers les USA. Interrogé par la radio alémanique DRS en marge d'un débat sur le résultat des votations fédérales de dimanche, le président de l'UDC Toni Brunner a estimé que la Suisse a agi comme le «bras armé» des Etats-Unis. Il a jugé dangereux de chercher à servir des maîtres étrangers.

A l'inverse, son homologue démocrate-chrétien Christophe Darbellay a de son côté considéré comme «la pire des choses» les violences sexuelles à l'encontre des enfants. Il a affirmé qu'il livrerait immédiatement le cinéaste franco-polonais aux Etats-Unis. Le patron du parti libéral-radical (PLR) Fulvio Pelli s'est pour sa part dit surpris par cette arrestation. Le passé de Roman Polanski n'est pas uniquement constitué de beaux films, a-t-il dit. Le cinéaste a admis sa faute et, pour cette raison, a fui les EtatsUnis.

Pour le président des Verts Ueli Leuenberger, l'arrestation de l'hôte d'honneur du festival du film de Zurich est totalement incompréhensible. Le réalisateur de «Rosemary's Baby» a pu à plusieurs reprises entrer sans encombres en Suisse par le passé, a-t-il souligné. Le socialiste Christian Levrat n'a quant à lui pas souhaité faire de commentaire sur cet incident. Il s'agit d'une affaire de justice et il ne connaît pas ce dossier, a-t-il fait valoir.

agences/cht


Roman Polanski est sous le coup de la loi américaine depuis 1978 Roman Polanski est sous le coup de la loi américaine depuis 1978 [TSR] UN REALISATEUR AUX NOMBREUX SUCCES

Le cinéaste d'origine polonaise, qui a passé son enfance dans le ghetto de Cracovie, a été naturalisé français en 1976. Le réalisateur a construit en une quarantaine de films, comme acteur, réalisateur, scénariste ou producteur, une oeuvre pleine de grands écarts, suscitant à la fois admiration et réserves, depuis l'iconoclasme de ses premiers opus jusqu'à l'académisme de son "Pianiste", qui lui a valu la palme du festival de Cannes en 2002.

Accueilli à bras ouverts à Hollywood, son aventure américaine avait duré 10 ans, semée de bonheurs et de cauchemars. Bonheur de son mariage avec la ravissante actrice Sharon Tate, des grands films qui firent de lui un cinéaste de stature internationale, et cauchemar du sauvage assassinat de cette épouse aimée et enceinte en 1969 par les satanistes du tueur en série Charles Manson.

Auteur de films devenus culte comme "Le Bal des Vampires", "Chinatown" ou "Rosemary's Baby", Roman Polanski a continué à diriger des films depuis son exil. Il a décroché pour l'un des plus récents, "Le Pianiste", un Oscar en 2002 qu'il n'a pas pu venir chercher. Le même film lui a valu la Palme d'Or au festival de Cannes. Il a reçu de nombreux autres prix.

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