Alligator
(L'Incroyable alligator)
animalattack
1980
Aka : L'Incroyable alligator
Genre : Comment entretenir ses égouts…USA, 1980, 89 min
De Lewis Teague
Avec Robert Forster, Robin Riker, Michael V. Gazzo, Dean Jagger, Sydney Lassick, etc.
Lâchement abandonné dans des toilettes alors qu'il n'était encore qu'un bébé reptile, se nourrissant ensuite dans les égouts de restes d'animaux de laboratoire dopés aux hormones de croissances et autre trucs louches, notre alligator va devenir énorme et commencer à croquer les divers humains passant dans le coin, mais cela ne lui suffisant pas il va finir par monter à la surface…
Si bon nombre de scénaristes et de producteurs, influencés par le succès en salles de Les Dents de la mer, y allaient chacun de sa relecture plus ou moins inventive, les requins tueurs demeuraient alors les stars incontestées des productions d'agressions animales. Pourtant, au milieu de tous ces squales, d'autres espèces allaient petit à petit tenter de s'imposer, comme des piranhas agressifs, un orque revanchard, un grizzly mangeur d'hommes et bien d'autres. Pourtant, nul trace ici de crocodiles.
Enfin, il y eut bien Le Crocodile de la mort de Tobe Hooper ou Le Dieu alligator de Sergio Martino, mais ces titres ne sont pas à proprement parler des films aux récits entièrement basés sur les animaux tueurs. Il faudra attendre les années 80 pour que les crocodiliens sortent de leurs tanières et envahissent nos écrans.
Au milieu de productions de qualité inégale comme Crocodile, Les Dents de la mort, l'improbable Crocodile Fury, l'excessif et amusant Killer Crocodile et bien d'autres, un film allait réellement se démarquer du lot : Alligator.
Réalisé par Lewis Teague, également à l'origine d'œuvres comme Cujo ou encore Cat's Eye, Alligator est à ce jour l'un des ersatz les plus réussis de Les Dents de la mer, tout comme le Piranha de Joe Dante, dont finalement il se rapproche le plus. En effet, tout comme son homologue, Lewis Teague aborde le sujet de manière amusante, se jouant des clichés du genre, sans oublier non plus qu'il tourne ici un film d'horreur. Malgré son budget assez limité, Alligator est une série b qui se trouve être aussi divertissante que généreuse.
Bien entendu, il ne faut pas s'attendre ici à de grosses surprises en ce qui concerne le déroulement du film, dont le scénario à été écrit par John Sayles, déjà à l'origine de ceux de Hurlements, Piranha et son remake, Le Clan de la caverne des ours, etc., qui a pourtant su apporter quelques idées intéressantes à l'ensemble. Le fait de transposer l'histoire dans un cadre urbain par exemple, un choix qui va avoir un impact essentiel sur l'ambiance générale du film. La bestiole mangeuse d'hommes, ici un alligator, trouvera en effet bien plus de victimes à croquer dans une ville que dans une maison abandonnée isolée en pleine campagne… une manière aussi pour le réalisateur de rendre hommage à certaines productions et leurs énormes monstres ou bestioles gigantesques (Godzilla, Gorgo, La Chose surgit des ténèbres & co) qui font irruption dans un environnement citadin et détruisent tout sur leur passage.
Si le thème de la revanche de la nature sur l'homme est évidemment bien présent ici, comme dans la plupart des films de ce genre distillant ouvertement un message à caractère écologique, la nature intervient cette fois-ci non pas dans son environnement proche, mais bel et bien au milieu d'une ville, par le biais d'un animal apporté puis abandonné par l'homme.
La première partie du film, qui se déroule dans les égouts de la ville, est vraiment très réussie. L'ambiance sombre, glauque et humide, permet au réalisateur de mettre tranquillement en place son récit qui débute comme une enquête policière. Les fonctionnaires pataugent d'ailleurs un peu pour déterminer ce qui peut bien causer ces morts violentes apparues soudainement. Par contre une fois l'ennemi identifié, plus de raison d'entretenir le suspens, l'alligator géant peut s'afficher sous toutes ses coutures. Ce dernier va donc décider d'aller faire sa star en plein centre ville, abandonnant derrière lui les égouts puants. Pour un moment du moins. À partir de là, l'ensemble s'oriente nettement plus vers des affrontements très typés film d'action, dans lesquelles les forces de l'ordre et le monstre aux dents tranchantes s'en donnent à cœur joie.
Les effets spéciaux, sans être exceptionnels, s'avèrent tout de même très efficaces. Ces derniers mixent prises de vues réelles, miniatures et un énorme alligator mécanique, avec lequel l'équipe en charge des trucages va connaître quelques problèmes. Ce qui n'empêche pas le réalisateur de nous montrer l'alligator dès qu'il peut se le permettre, et nous offre des scènes d'agressions rythmées et plutôt sanglantes. Et là encore, Lewis Teague n'hésite pas à ne pas trop se prendre au sérieux, comme nous le prouve l'excellente séquence durant laquelle l'alligator fait irruption durant une fête de mariage, ou encore celle du gamin dans la piscine, vicieuse à souhait. Lewis Teague nous offre au travers d'Alligator une très bonne série B, qui réunit tous les ingrédients clés d'un bon film d'agression animale et les intègre parfaitement à un environnement urbain assez dépaysant. Les quelques touches d'humour présentes tout au long de l'histoire font souvent mouche, et permettent de ne pas trop se focaliser sur le déroulement plutôt classique du récit. À cela s'ajoute un casting plutôt correct, composé d'un Robert Forster (Vigilante, Avalanche, Jackie Brown, Psycho…) en grande forme et de la très belle Robin Riker. Une réussite sympathique et divertissante en tout cas, qui n'a pas à rougir face aux mastodontes du genre.