“Turn it up.”
Lectorounet, lectorounette, après avoir avancé dans ma thèse que parfois le silence était d’or, je te propose aujourd’hui d’évoquer les dirty talks contre-productifs – en un mot, attaquons ensemble : l’anti-bhèse.
Mais avant toute chose :
Réponses aux contrepèteries de l’introduction
L’échec et les Maths = Les mecs et les chattes
Jules Verne = Nulle verge
Pete Sampras = Pipe sans trace
Boris Vian, maudit Magritte = Bowie (avec l’accent allemand hein) riant grandit ma bite.
Bravo à Alain Parfait qui, avec 3 réponses justes, a donc droit à ¾ de mon admiration éternelle et ¾ de son nom dans mon prochain post.
Continuons désormais notre typologie d’amants en fonction de leur usage – ou plutôt non-(voire més-)usage en l’occurrence – du dirty talk. Dans cette partie, nous allons en effet aborder les profils des jkôzpô ou jkôztrôbâ.
D’où le titre pouvant être traduit dans la langue de Molle-Hier par : “Augmente le putain d’son !”
a. Silence radio
Il est très galant, très gentleman, il t’idolâtre, te vénère, tu es sa déesse. Il t’achète des souliers (de verre) et vient te les faire essayer dans ton bureau (de verre), puis va les échanger s’il se rend compte que la lanière même très légèrement la cheville te serre (fin de l’intermède rimes). Bref, il est tête par-dessus talons totalement toqué de toi. Mais un tantinet trop respectueux au pieu de fait (intermède allitérations).
Car le dirty talk, c’est pas du tout son truc. C’est pas qu’il est poète loquace, c’est qu’il est pas du tout dans le trip salace (reprise et re-fin de l’intermède rimes).
Cela va de paire avec son attitude : il ne te prendra jamais ino-pine-ment contre le mur par surprise (“Ben si t’avais pas été dans le mood, j’sais pas moi…”), quand tu lui diras pendant la levrette “Oh oui attrape-moi les cheveux” (parce que contrairement à Kinky, tu aimes bien qu’on t’attrape la crinière, toi), il t’attrapera trois fourches et tirera tout délicatement si bien que t’auras vraiment mal (alors qu’il y serait allé franco, t’aurais rien senti dans le rush), quand tu lui diras “I’ve been such a bad bad girl, spank me hard”, il te fera une petite caresse sur la fesse droite ou pire te tapera sur la hanche (et du coup tu douilleras ta race).
Bref, c’est beau le respect, mais parfois ça guimauvi-tue le sexe. C’est tro(mi)gnon le gnangnan bisounours à la sauce mamour, mais ça fout la libido au fin fond du gouffre de Charybde sodomisant Scylla (ou pas, justement).
Conséquence : faut pas être pressé pour atteindre le nirvâna du panard suprême.
b. Bugs sur la fréquence #1 : les court-circuits
Le degré juste au-dessus du niveau zéro du dirty talk (dû à une absence totale de signal), c’est la tentative ratée causée, elle, par des interférences sur la ligne. Elle est souvent le résultat d’une virulente tauromachie intérieure, les deux hémisphères de l’individu mâle cherchant mutuellement à se porter l’estocade dans l’arène de son cerveau, le droit essayant tant bien que mal un élan spontané d’expression d’instincts primaires, le gauche barrant le passage à cet épanchement avec force muletas politico-correcto-judéo-christiano-coinçosses.
Extrait de non-dialogue avec un individu-à-la-conscience-politico-sexuellement-trop-correcte.
Hémisphère droit (cherchant quelque chose de dirty à dire): Hum… voyons… “espèce de…” oh je suis bien parti là… hum… vilaine… non, ça va pas l’faire… hum, “pute”… ??!!
Hémisphère gauche (l’interrompant avant que l’expression ne soit formulée à voix haute par l’organe buccal) : Oh non je peux pas dire ça. Une pute, c’est une prolétaire, une travailleuse du sexe, elle a une vie, des parents, un micro-ondes. Je vais être hanté pendant une heure par le fantôme d’Aretha Franklin après.
Hémisphère droit : Bon alors “Sale chienne”… ?!
Hémiphère gauche : Ah non ! Et le combat de la SPA alors? Les canidés sont nos amis. Je vais être réincarné en cloporte kafkaïen dans ma prochaine vie sinon et je me ferai écraser sans vergogne par B.B. elle-même réincarnée en tapette-à-mouches.
HD : “Suce-moi, salope”… ?
HG : Et le droit des femmes ? Bientôt le 8 mars en plus... Je ne peux décemment pas remettre en cause des siècles d’âpres luttes suffragettes en utilisant une injonction aussi dégradante.
HD : Dernière tentative et j’abandonne : “Tu sens bon.” ?
HG : Ah, c’est pas mal ça. Ya de l’idée. Ca évoque ses phéromones, son animalité, mais aussi le sophistiqué de son parfum. Bon, c’est pas très dirty, mais politiquement, ça passe bien. Allez, je me lance.
Organe buccal (court-circuit entre HD et HG): Mmmhhh… tu sens… tu sens … la CHIENNE PROLETAIRE!!
Hottie (regard incendiaire): …
c. Bugs sur la fréquence #2 : quiproquos et autres Hein ???
Dans la grande famille des Hein, nous avons plusieurs profils.
On a d’abord le fils Hein qui casse radicalement l’ambiance et coupe le rythme parce que c’est tout bonnement inaudible.
“Mhhmm…mmhm…..mmmhh…mmm !!!
- Hein ??
- J’ai dit : Tu es super mouillée virgule salope point d’exclamation.
- Aaaaaaaaah !.... Ben j’le suis plus maintenant, c'est malin ...”
On a aussi le cousin Hein, géniteur de douloureux malentendus.
- “Mmmmhddddddddmm mmahldkjfl kdjfkfjfjfjfjfjjjjjjjjjj ?
- - Pluuuus foooort !
SPANK !
- - Mais t’es con ou quoi ? Tu viens de me strier la peau là !! Jvais avoir des marques pendant 72h au moins ! La voix jdisais !! PAAARLE plus fort, PAS tape plus fort !
- - Ah ! Ben sois plus claire quand tu parles aussi.
- - … ”
Convions également à notre portrait de famille l’oncle Hein qui rend les dialogues de la cantatrice chauve absolument limpides.
“Ca gratte et sent la rouille.
- Hein ??
- J’ai dit : T’as la chatte pleine de mouille.
- Mais ar-ti-cule, bon dieu !
- Ben je t’encule, c’est pas ça qu’t’aimes ?
- QUOI ?? Mais tu m’sodomises pas du tout là...
- Mais kestu racontes ?! J’ai dit : ‘Ben j’articule, c’est quoi le problème ?’
- Bon si on arrêtait de parler ? Je vais mettre France Inter, au moins Stéphane Bern, on l’comprend quand il parle. [NdlHottie: Eh oui, yen a qui nikent à 11h du mat’ les jours de semaine, ça arrive]
- Ouhla, c’est quoi le rapport avec feu ta mère au Conforama d’Arles ??
- …
Et terminons sur l’exemple du beau-frère par alliance qui fait exprès de ne pas comprendre que le choix des mots dans le dirty talk, c’est vital. Malentendu donc sur le type de mots qu’il faut employer, certains étant à proscrire sous peine d’ablation de masse gonadale fissa. Je laisse au 9ème art le soin d’illustrer mon propos.
Conclusion de la 2ème partie :
Avoir une sexy playlist toujours dispo sur son iTunes (si on est chez soi) ou son iPod (avec l’iShuffle accroché au string, ça passe presque inaperçu) pour combler un silence parfois pesant ou bien couvrir le pas-si-dirty-talk qu’on préférerait vraiment ne pas entendre.
3. Je suis ta pute
a. Le Tétoi
J’aime tellement le dirty talk, surtout la version anglo-saxonne, que parfois il m’est arrivé que l’on me demandât (coucou Alain Parfait!) de fermer mon auguste clapet. Oui. Honteux, n’est-il pas ? Je me suis sentie pour le moins brimée. Voire muselée.
Extraits:
“Mmmhhh, yeah, fuck me, oh yeah, fuck me hard, oh yeaaaaah, harder…
-
- Non mais tais-toi là.
- - Oh yes, oh yes! Oh gaaaaawwwwwwwwwwwwwwd !
- - Bon, tu veux pas la fermer?
- - Rhoo ! Mais moi ça m’excite.
- - Et moi ça m’déconcentre.
- - Mais c’est thérapeutique. Ca s’appelle de la dirty talking cure.
- - Arrête avec ton anglais en plus.
- - Pff, you suck.
- - Et toi tu vas suck my dick. Maintenant.
- - Ah ben tu vois, tu t'y mets !”
Mais bon en général, tu t’la fermes. Auto-censure massive. La fin justifiant les moyens. Autant parler peut dans certains cas providentiels pimenter le sexe, autant se lancer dans un débat et donc une querelle de mots peut foutre en l’air en un clin d’oeil le fragile équilibre de la torridicité de l’atmosphère.
b. Le sex-liloque
Conséquence de l’objet petit a => l’objet petit b.
[dédicace aux lacaniens de notre lectorat après la dédicace aux freudiens dans le dialogue précédent – nous sommes pour le synchrétisme psychanalytique chez WHK.]
Parce que le mec ne parle pas, qu’il est en mode Michel-Piccoli-monosyllabique de type “oui” ou nous demande expressément de nous la boucler, nous pouvons être décemment tentées de convoquer quelques innocentes petites répliques dans notre tête. Ou carrément nous faire un full dialogue en voix-off dans le fond de notre conscience pendant qu’il nous pénètre, à notre grand dam, silencieusement.
Extrait d’un sex-liloque :
Toi (te concentrant sur tes pensées en tentant de faire abstraction de l’absence de fond sonore) : Mmmhhh, c’est bon. J’aime sentir ta queue en moi.
Le-mec-qui-parle-pas-mais-là-oui-parce-que-c’est-dans-ta-tête-à-toi : Qu’est-ce que tu mouilles.
T : Oh ouiiii, jsuis trempée. Tu aimes quand je mouille hein ?
L : Oh oui j’adore. Espèce de petite traînée, va.
T : Oh oui, attrape-moi les cheveux, jsuis ta traînée. Fais-moi ce que tu veux. Oui vas y, démonte-moi, enfonce-la bien, ouiiii !!!
L : Oh oui, vas-y suce mon énoooorme queue. Vas-y, donne touuuuut !
Et puis comme t’es dans ta tête et que le grand avantage c’est que tu fais ce que tu veux, tu peux même rajouter quelques personnages supplémentaires.
Vin Diesel : Oh yeah, bitch! Can you feel it ? Can you feel my rock-hard cock ?
[chacun ses goûts hein! tu peux aussi rameuter Christian Bale ou/et Scarlett Johansson]
....
Toi (pensant à l'avenir) : Oh bah dis donc, c’est super efficace quand c’est moi qui fais les dialogues, dis donc. Je devrais penser à écrire des scénarios dans mon temps libre, tiens. Ou traduire des bouquins Harlequin.
c. Dirty silence & dirty look
Bon et puis forcément pour finir, on va remettre en cause la thèse, l’antithèse et dépasser la dichotomie en faisant avec sainte aise l’apologie du dirty silence passant par le dirty look. Parce que comme dirait Hamlet pompant honteusement Dalida : “Words, words, words…”
Bref, parfois rien ne vaut un bon dirty look à la Stanley Kowalski pour nous ravager les chakras et nous dilater les pupilles, car il est des regards qui expriment bien plus que le meilleur des mots choisi avec le plus grand soin et prononcé avec le ton approprié au moment idoine.
Extraits (tout en onomatopées, signes de ponctuation, didascalies et illustrations)
Drrrriiiiing.
Bruit de porte qui s’ouvre.
Kelkoo : …
H : …
Kelkoo : …
H : …
Bruit de frigo qui s’ouvre. Bruit de Kro que l’on décapsule.
Kelkoo : …
H : regard de braise (sans le bavoir de la photo – non mais Nath’, what were you thinking ?)
K : … !?
H : … !!!
[c’est fou tout ce que l’on peut exprimer avec juste un peu de ponctuation]
BAM (bruit de porte qui se ferme).
BANG (bruit de plaquage contre porte).
SLURP (bruit de succion).
SCREECH (bruit de chemise arrachée).
BOING (bruit de ressorts de matelas mis en activité).
Mmmmhhhh (bruits de gémissements humains signifiant quasi-atteinte du 7° pallier).
MMMMMMMMMMMMMMHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH (idem sans le “quasi”)
CONCLUSION Qui N’en Est Pas Une :
Le sexe avec les mots, c’est mucho plus-value, s’il y a maîtrise. Sinon, c’est mucho mucho moins-value. Mieux vaut laisser parler les phéromones.
Et puis il y a des moments tellement éloquents en eux-mêmes qu’ils se passent clairement de commentaires, et parler serait juste gâcher du temps de salive.
Comme lorsque l’on est frappé du septième sceau de l’évidence que deux corps dialoguent au-delà des mots. Qu’ils sont irrésistiblement attirés l’un par l’autre et ne sont faits que pour faire un.
Mais j’anticipe. Wondie nous promet un post sur Food and Sex pour bientôt.