Les récentes initiatives de l’Afrique du Sud pour recenser, protéger et valoriser les savoirs autochtones sont exemplaires et montrent la voie à l’ensemble du continent. Pour le pays arc-en-ciel, les savoirs autochtones doivent constituer le socle du développement africain. Ils touchent aux pratiques culturelles, aux médecines traditionnelles, aux productions agricoles et artisanales, aux langues…
La tâche est immense tant ces savoirs ont été négligés durant plusieurs siècles. L’entreprise consiste tout d’abord à les reconnaître et à distinguer ce qui appartient à des communautés, à des individus ou à des compagnies privées. Puis il s’agit de définir et de documenter précisément tous ces savoirs afin d’en assurer la protection des droits. Mais surtout, l’objectif final est leur redonner vie, les faire communiquer entre eux, les faire évoluer, de développer la recherche, la création et les applications qui en découlent.
Par exemple, les Bushmen (ou peuple San) ont remporté il y a quelques années une victoire éclatante en faisant reconnaître leurs droits sur le hoodia, un cactus dont ils avaient découvert les propriétés coupe-faim et que le laboratoire anglais Phytopharm s’apprêtait à transformer en pilule contre l’obésité. Au terme d’une procédure internationale, ils ont toucher des royalties sur ce nouveau médicament et sont désormais associés à toute exploitation de ce cactus. De plus, ils bénéficient d’un programme de recherche concernant l’ensemble des savoirs de leur peuple à la mémoire vingt fois millénaire.
Rien qu’en Afrique du Sud on dénombre environ 200 000 guérisseurs. Comment recenser et interconnecter leurs savoirs ? Comment développer avec eux de nouveaux médicaments, de nouvelles pratiques de soins ? Comment les impliquer dans une dynamique de recherche en relation avec les industries de biotechnologies ? Cette approche ouvre d’immenses champs de développement, autant pour l’Afrique que pour toute la communauté internationale.
D’autant que les mêmes questionnements doivent être étudiés et des actions similaires doivent être entreprises concernant les produits agricoles, la gastronomie, la création culturelle, l’offre touristique ou les technologies de l’environnement... L'Afrique va nous étonner.